Ohé, ohé….C’est moi le Méloé !
Avec une taille de 3,5 cm, une carapace noire aux reflets métalliques, de longues antennes coudées et perlées …. je suis un gros lourdaud à la démarche maladroite, dépourvu d’ailes, donc incapable de voler ! J’ai pourtant des élytres, assez courts qui se chevauchent à la base de mon abdomen. J’arpente nonchalamment sentiers, prairies et sous-bois, n’ayant qu’une idée en tête : me reproduire ! Ma copine n’est pas trop séduisante : elle traîne un derrière énorme, disproportionné par rapport au reste de son corps.
Surtout, ne me dérangez pas, vous le regretteriez ! J’émets une sécrétion jaunâtre, huileuse, nauséabonde, répulsive, très vésicante pour les vertébrés. Cette substance contient de la cantharidine, réputée aphrodisiaque dans l’antiquité. Elle engendre des gonflements chez les bovins qui la consomment par mégarde et en meurent parfois.
Le petit futé que je suis n’a pas fini de vous étonner. Mes mœurs très particulières, différentes des autres coléoptères, ont conduit l’entomologiste Jean-Henri Fabre à inventer un mot pour qualifier ma stratégie de développement « l’hypermétamorphose ». Epatant, n’est-ce pas ?
Les athlètes larvaires issus d’œufs que ma femelle pond dans le sol partent à l’assaut des fleurs. Une abeille vient-elle butiner ? Ils s’y agrippent et se laissent enfermer dans une cellule gorgée de miel. Après une première métamorphose, la larve devient une sorte d’asticot dodu sans patte, un goinfre qui engloutit toutes les réserves de miel. Une longue sieste s’impose pour cet obèse qui mue 2 fois avant de se nymphoser et de sortir du nid au printemps suivant.
A cause de son comportement particulier, le Méloé (Meloe violaceus) est surnommé l’enfle-bœuf et le pou des abeilles. Quand il ne trouve pas de conditions favorables à sa survie, il meurt. Sur les 2 à 4000 œufs pondus par la femelle, peu atteignent l’âge adulte.
Photos copyright Roland Clerc
Texte Daisy Demoor
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de Roland Clerc
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