Jardin de la Sauvagine 2

Jardin de la Sauvagine 2
Grande Casse. Photo Copyright Gérard Darnis

mercredi 18 août 2010

L'aiglon du Valais (Suisse) et le photographe, Roland Clerc




Texte et Photos copyright Roland Clerc


Le samedi 23 juillet, c’était mon ultime chance de pouvoir encore faire quelques images de l’aiglon des Dents-du-Midi avant qu’il ne prenne son envol après 11 semaines passées au nid.
Malheureusement, le temps était encore assez maussade le matin mais l’après-midi le ciel s’est dégagé tout en restant bien chargé, voir assez sombre, c’était tout juste acceptable pour tenter quelques images.
L’aiglon semble prêt à l’envol et je sens qu’il va bientôt se faire emmener dans les airs par sa mère, on peut bien observer dans son regard et dans ses attitudes qu’il est devenu adulte.
Son regard est perçant, ses mouvements sont vifs et il aura bientôt besoin de tous ses sens hyper développés pour réussir de survivre dans un environnement difficile.
En début d’après-midi, il n’était pas très actif, il a surtout fait la sieste après un probable repas pantagruélique et c’est seulement en fin de journée qu’il a commencé de s’activer un peu.
Durant cette journée d’affût, il a pas mal été dérangé par les hélicoptères qui ont tourné presque tout l’après-midi pour suivre la course de VTT à Champéry.
Chaque fois qu’il entendait voler une machine, il se cachait au fond du nid avec la tête plaquée contre le rocher, je crois que durant quelques heures, il a été pas mal traumatisé.
J’ai quand même pu faire des séries intéressantes et pour cette dernière séance, il m’a quand même gratifié de sympathiques mimiques et de très belles attitudes.

Je n’ai malheureusement pas eu la chance de revoir sa mère pour une dernière séquence, mais il s’en est fallut de peu !
Vers 13h30 elle a tenté d’apporter une proie, mais elle a du lâcher sa prise environ 100 mètres avant d’arriver à l’aire, je l’ai vu tomber comme une masse juste devant moi.
J’ai le sentiment que la proie devait être bien trop lourde et c’est avec grand fracas que je l’ai entendu s’écraser au fond de la barre rocheuse.
Je ne suis pas arrivé de voir, si par la suite, elle était descendue pour en récupérer une partie, je pense qu’elle le fera ces prochains jours.
Mais à entendre crier son petit durant de très longues minutes, je suis presque certain qu’elle devait être quelque part en dessous de l’aire pour inspecter le secteur.

Je ne te cache pas, que c’est avec un petit pincement au cœur que nous sommes longuement observé durant cette dernière journée d’affût.
L’aiglon s’est bien habitué à ma présence et il avait bien sûr deviné que j’étais là bien caché derrière ma toile d’affût.
Nous avons passé de longues journées ensemble, malgré la grande distance, nous avons partagé beaucoup de son intimité, de temps en temps, sa mère nous a offert l’honneur de sa présence
La nature m’a encore donné la chance de pouvoir suivre toute cette nidification et durant ces 11 semaines, j’ai pu assister à l’évolution de ce jeune et fragile poussin vers un magnifique rapace qui va maintenant régner dans les airs durant plusieurs années
J’ai eu la chance d’assister à des scènes extraordinaires, les rares visites de la mère m’ont montré l’attachement et le dévouement incroyable pour son petit, je l’ai vu grandir, alors forcément, je me suis un peu attaché à lui.
La page est maintenant tournée pour cet aiglon et j’espère le voir voler dans les Dents-du-Midi avec la maman, ce serait un beau cadeau de les voir voler ensemble dans le massif et de réussir d’en faire une image.
Mais c’est déjà fantastique que tout se soit bien déroulé et que le poussin soit arrivé à terme, c’est vraiment bien pour notre faune locale.
Dans quelques jours, encouragé par sa mère, il va prendre son envol, ce sera alors les premiers frémissements de l’air dans ses ailes et son sens inné du vol l’emmènera rapidement vers les sommets
Durant quelques mois, il va devoir apprendre à chasser par tous les temps mais sa mère sera là pour le suivre et lui donner les premières leçons de la vie difficile des aigles.
Ces scènes vont se répéter inlassablement durant quelques mois, puis le jeune aigle devra se chercher un nouveau territoire probablement à des centaines de kilomètres de son lieu de naissance.
Ceci d’autant plus qu’un autre aiglon va aussi prendre son envol dans quelques jours à moins de 20 kilomètres de distance.
L’année 2010 a été faste dans les aires d’aigle du Bas-Valais et c’est réjouissant de voir que dans cette année de la biodiversité, des super prédateurs viennent enrichir encore plus nos biotopes.
J’espère que d’autres prédateurs tout aussi royaux suivront le même chemin !

Roland Clerc, photographe naturaliste.





1 commentaire:

  1. Déception, mon commentaire n'a pas été enregistré...
    Je disais donc que ce sont des photos MAGNIFIQUES et que ton émotion transpire de ton texte!
    J'aurais tant aimé être présente!
    nous avons contribué à élever un Aigle noir en Afrique et ces photos me rappellent des moments très privilégiés qui ont fait la une des journaux à l'époque.
    Une émotion donc toute partagée avec toi!
    Merci pour cette publication, Eric!

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